Françoise Couic-Marinier, Docteur en pharmacie et Marion Lemain, Kinésithérapeute nous partagent leurs conseils pour soulager les douleurs articulaires et particulièrement l’arthrose de vos patients.
Très souvent rencontrée dans les cabinets de kinésithérapie, l’arthrose constitue un motif de consultation fréquent. Qu’elle soit liée à une usure naturelle de l’articulation, une prédisposition familiale, un surpoids, un stress biomécanique ou suite à de multiples traumatismes articulaires (comme chez la personne âgée), elle peut survenir très tôt dans l’histoire de notre corps.
Accompagnée ou non de déformations, d’un manque d’utilisation de l’articulation concernée, de tensions musculaires et de rétractions qui majorent les douleurs, l’arthrose se traduit par une algie de dérouillage matinale. En effet, une sensation de « sable » dans l’articulation peut également être décrite ainsi que des douleurs à la descente des escaliers ou des transferts (pour les genoux).
On ne discutera pas l’intérêt de la kinésithérapie dans la prise en charge de cette pathologie. En complément, il est important de conserver une activité physique (non douloureuse et adaptée). Il faut maintenir une mobilité optimale qui nourrit l’articulation. Mais aussi, développer les compétences musculaires (renforcement, étirement, stabilisation des structures) sont essentielles pour baisser les sensations douloureuses.
Le massage de l’articulation et des structures périphériques a lui aussi sa place dans les stratégies de rééducation. En plus d’être un complément de la kinésithérapie et de l’ostéopathie, celui-ci permet de diminuer les douleurs, les tensions musculaires et ainsi, favoriser la circulation et la pénétration de produits actifs comme les huiles essentielles.
Trois angles d’attaque aromatique par voie cutanée
1/ Réduire la douleur de l’arthrose
Gaulthérie (Gaultheria procumbens, ou fragrantissima) : antalgique et anti-inflammatoire majeure en aromathérapie, la gaulthérie est l’huile du sportif et du masseur kinésithérapeute. Rubéfiante, elle complétera l’effet « chauffant » du massage. Contre-indications : chez la femme enceinte, allaitante, l’enfant de moins de 12 ans, les personnes présentant des troubles de la coagulation ou sous anti-coagulants, ou ayant une allergie à l’aspirine.
Girofle (Eugenia caryophyllus) : l’eugénol contenu dans l’huile essentielle de clous de girofle lui confère son pouvoir anesthésiant. Contre-indications : chez la femme enceinte, allaitante, l’enfant de moins de 12 ans, les personnes présentant des troubles hépatiques. Il est important de bien la diluer !
2/ Détendre les muscles péri articulaires
Lavandin super (Lavandula hybrida clone super) : assez proche de la lavande vraie, son huile essentielle contient néanmoins du camphre ! De ce fait, elle sera alors un très bon décontractant musculaire et soulagera les tensions accompagnant les douleurs. Contre-indications : chez la femme enceinte, allaitante, l’enfant de moins de 12 ans et l’épileptique.
Romarin à camphre (Rosmarinus officinalis camphoriferum) : L’huile essentielle de romarin camphré permet de chauffer l’articulation douloureuse. D’autre part, elle est idéale pour remobiliser grâce à sa teneur importante en camphre. Contre-indications : chez la femme enceinte, allaitante, l’enfant de moins de 12 ans et l’épileptique.
Katrafay (Cedrelopsis grevei) : plante endémique de Madagascar, son huile essentielle viendra décongestionner la zone douloureuse. Elle diminuera les douleurs et aidera à relâcher les muscles périarticulaires. Contre-indications : chez la femme enceinte, allaitante et l’enfant de moins de 12 ans.
3/ Drainer l’articulation
Le genévrier commun (Juniperus communis) anthirhumatismal favorisant l’excrétion des toxines par le rein. Par ailleurs, elle contribue également à retrouver un équilibre acido basique sur des terrains « acides ». L’huile essentielle de genévrier draine les toxines et soulage la douleur en association avec l’huile essentielle de gaulthérie et celle d’eucalyptus citronné : le trio gagnant anti-inflammatoire ! Contre-indications : chez la femme enceinte, allaitante, l’enfant de moins de 12 ans et les personnes présentant des pathologies rénales.
Quelles Huiles Végétales sont nos alliées ?
Les huiles végétales constituent des excipients de choix pour les préparations. Elles permettent d’effectuer des massages de qualité en diluant nos huiles essentielles (10 à 20 % maximum en fonction de la zone concernée). De plus, leurs composants vont avoir des actions propres pour renforcer l’efficacité du soin.
- Calophylle inophyle : anti-inflammatoire en elle-même et anti-douleur c’est l’huile de choix pour cette pathologie.
- Extrait lipidique de millepertuis : cette huile a des effets calmants très bénéfiques sur cette pathologie (attention à la photosensibilisation).
- Extrait lipidique d’arnica : connue pour ses effets extraordinaires sur les douleurs et les bleus. Cet extrait lipidique complète la synergie huileuse de la formule donnée.
Quoi faire si on est en poussée inflammatoire ?
L’articulation est chaude, rouge, douloureuse la nuit ? On ralentit pour calmer l’inflammation, on glace… et on sort notre joker aroma : L’Eucalyptus citronné ! qui viendra renforcer l’effet anti-inflammatoire des autres huiles.
Exemple de préparation* :
- 60 gouttes d’huile essentielle de Genévrier.
- 90 gouttes d’huile essentielle de Gaulthérie odorante ou couchée.
- 60 gouttes d’huile essentielle d’Eucalyptus citronné.
- 30 gouttes d’huile essentielle de Romarin camphré.
Masser la zone douloureuse, jusqu’à 5 fois par jour avec quelques gouttes de la préparation. Cette formule a une odeur très « sportive » et tonique qui peut contribuer psychologiquement à soulager les douleurs d’arthrose !
Contre-indications : cette formule est contre-indiquée chez les personnes hémophiles ou sous traitement anticoagulant oral (présence de gaulthérie). Egalement contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante et l’enfant de moins de 6 ans. Les personnes épileptiques (présence de romarin camphré et de genévrier).
Les bons gestes à adopter pour soulager l’arthrose de vos patients
- Surveillez le poids et la poursuite de l’activité sportive adaptée de vos patients : l’Huile Essentielle permettra de nourrir l’articulation, d’irriguer le cartilage, de conserver une musculature efficace pour protéger les articulations et limiter les contraintes biomécaniques. Oubliez les impacts, le renforcement contre résistance et autres sollicitations extrêmes inutiles, voir délétères !
- La balnéothérapie et les cures en station thermale peuvent aider les patients, soulageant ainsi les douleurs articulaires et donnent des résultats perceptibles sur plusieurs mois.
- L’utilisation d’hydrolat de cassis peut être conseillée à vos patients avec l’accord du médecin ou du pharmacien : 1 cuillère à soupe diluée dans un litre d’eau à boire le long de la journée.
- Les plantes (en gélules) qui améliorent la mobilité et la souplesse : harpagophytum (un excellent anti-inflammatoire naturel), reine-des-prés (aux vertus antalgiques), saule blanc (antispasmodique)… Leur utilisation et la durée de traitement varient selon les plantes et les préparations, demandez conseil à votre pharmacien. Ces plantes permettent aussi d’éviter les effets secondaires sur l’estomac des traitements anti-inflammatoires classiques.
- Des compléments alimentaires associant glucosamine (fabriquée par l’organisme à partir du glucose et de la glutamine, un acide aminé) et chondroïtine (constituant essentiel du cartilage, elle est naturellement produite par l’organisme) vous aideront à freiner l’évolution de l’arthrose.
- Pour soulager la douleur, vous pouvez préparer des cataplasmes d’argile, à appliquer sur la zone concernée :
- Prenez de l’argile verte en tube ou de l’argile concassée à diluer dans un peu d’eau, et déposez-en environ 2 cm d’épaisseur sur une compresse de gaze.
- Posez le cataplasme côté argile sur la partie douloureuse.
- Bandez-le afin de le laisser en place le temps nécessaire (2 heures), puis posez dessus un linge pour absorber l’excès d’humidité.
- Si le timing de la séance ne le permet pas, vous pouvez « filmer » à l’aide d’un film alimentaire la zone le temps du retour à domicile.
*Extrait du « Guide terre vivante des huiles essentielles » du Dr Françoise COUIC MARINIER et Dr Anthony TOUBOUL.
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